Sultanat d’Oman, les parfums d’Orient
Par Marion Tours - Photos Jean-Paul Calvet
SITUÉ À L'EST DE L'ARABIE SAOUDITE ET OUVERT SUR L'OCÉAN, ce pays offre un contraste saisissant entre montagnes, plaines côtières et déserts. Riche d'une tradition millénaire, il invite à retrouver la saveur des mille et une nuits.
À Oman, l’océan n’est jamais bien loin. Situé au sud-est de la péninsule arabique, le pays déploie ses côtes vierges et spectaculaires sur près de 1 700 kilomètres ouverts sur le golfe d’Oman et la mer d’Arabie. Rien d’étonnant à ce qu’il ait été, pendant des siècles, à la croisée des plus grandes routes maritimes. De cet illustre passé, le sultanat nourrit encore aujourd’hui ses plus belles légendes. Celles de Marco Polo, de la reine de Saba ou de Sindbad le marin. Mais, ici, les contes des Mille et Une Nuits ne se cantonnent pas uniquement à la littérature. Ils s’illustrent au quotidien, entre palais et mosquées féeriques, épices et parfums d’encens, khanjar et turbans à l’indienne, artisanat et courses de dromadaires, bédouins des sables et femmes voilées aux effluves sensuelles et poudrées. Bref, loin de l’exubérance de sa voisine Dubaï, « l’Arabie heureuse » dévoile sa douceur de vivre sur fond de déserts, de montagnes escarpées, d’oasis luxuriantes et de plages paradisiaques.
À peine a-t-on débarqué que Mascate, la capitale, donne le ton. Il faut chiner au souk local, suivre la corniche jusqu’à la vieille ville et rattraper, enfin, les longues plages de sable fin investies par les palmiers. Mais le joyau de Mascate reste la grande mosquée, achevée il y a peu, au printemps 2001, sous l’impulsion du sultan Qabous, figure de proue de la renaissance du Sultanat. C’est à bord d’un 4x4 dernier cri que se poursuit la découverte du pays.
Première escale : la citadelle de Nakhal, l’un des joyaux défensifs dont s’enorgueillit Oman depuis le XVIIe siècle. De vallées asséchées en versants escarpés, on parvient à la ville de Nizwa, l’ancienne capitale du pays, plantée au coeur d’une oasis luxuriante. Outre son fort monumental, la cité abrite l’un des plus anciens souks de la contrée. On y admire encore ses arcades, ses portes cloutées et ses échoppes d’antan. Mais c’est le vendredi matin, lors du marché, que Nizwa offre son spectacle le plus pittoresque, haut en couleur et plein de vitalité : les visiteurs, venus des quatre coins de la région, y négocient leur persil comme leur dromadaire, entre le beuglement des vaches et le bêlement des moutons…
À quelques encablures de là, on rattrape facilement le massif du Djebel Akhdar,où se côtoient rocs canyons et pics aiguisés comme des couteaux. Les hameaux s’accrochent à flan de falaise, flanqué d’innombrables terrasses plantées de roses, de vignes et d’arbres fruitiers. La route longe désormais de vastes plaines sauvages et caillouteuses. «Attention dromadaire !» avertit un panneau de signalisation. Preuve que l’on approche à grands pas du désert de Wahiba. Entre dunes et larges vallées, l’erg, parsemé çà et là de villages bédouins, laisse éclater son orange flamboyant. On y aperçoit les femelles dromadaires nichées au sein de clôtures sommaires. Dopées au miel, aux herbes, aux dattes et au lait de vache, elles sont dressées pour les courses de camélidés les plus prestigieuses de la région. Il ne faut ensuite qu’un pas pour rejoindre le littoral et la ville de Sour.
Face au subtil ballet de bateaux qui s’opère sans cesse au large, on imagine les boutres en teck qui, jadis, emportaient de l’empire maritime d’Oman soieries, porcelaine, pierres précieuses, laque de Chine, épices des Indes, ivoire d’Afrique et parfums du golfe… Des innombrables caravelles qui sillonnaient alors les océans, il ne subsiste aujourd’hui qu’une poignée le plus souvent reconverties en embarcations touristiques. Mais Sour est aussi le point de départ d’une route côtière de toute beauté, où se succèdent de profonds wadi (vallées verdoyantes), jalonnés de piscines naturelles aux reflets vert émeraude et d’immenses plages de sable, vierges et immaculées. Juché au sommet des falaises escarpées surplombant la mer, le voyageur semble retrouver cet Orient mythique que l’on croyait à jamais confiné dans les récits des grands aventuriers.