Sénégal, à bord du Bou El Mogdad
Par Nathalie Moreau - Photos Jean-Paul Calvet
EMBARQUEZ SUR UN NAVIRE MYTHIQUE POUR UNE CROISIÈRE DE CHARME le long du fleuve Sénégal. Villages sénégalais traditionnels hauts en couleurs, vestiges des anciens comptoirs coloniaux, accueil chaleureux des populations… Naviguez au cœur d'une nature féérique pour un voyage qui le sera tout autant.
Sur le bateau l’équipage s’active de toutes parts. On approche l’écluse de Djana sur le fleuve Sénégal. La manœuvre est délicate. L’écluse mesure 13 m de large et le Bou El Mogdad 10, 50 m. Au gouvernail, Baba, 80 ans et la moitié de sa vie passée sur le bateau, pourrait le conduire les yeux fermés… ou presque (Baba souffre d’une cataracte !). En amont de Saint-Louis, le barrage de Djana fut construit en 1986, afin d’empêcher la remontée des eaux salées de l’Atlantique qui rendait toutes cultures impossible. Il marque aussi la frontière entre la Mauritanie et le Sénégal. Dès le passage de l’écluse, les paysages changent. Les roseaux s’étalent en une large bande le long du fleuve. Les cultures, des rizières notamment, apparaissent peu à peu.
Le Bou El Mogdad est un bateau mythique. Construit en 1950, il a durant des années, assuré le transport de marchandises (huile, céréales, eau potable…) de Saint-Louis jusqu’à Kayes (Mali). Avec le développement du réseau routier, le bateau va peu à peu se dédier au tourisme. En 1987, il quitte le Sénégal pour naviguer en haute mer. Il ira jusqu’en Sierra Leone. Une vingtaine d’années plus tard et quelques rénovations, le Bou El Mogdad est de retour à Saint-Louis. Toute la population est là pour l’accueillir. Instants d’intense émotion : le pont Faidherbe est ré-ouvert exceptionnellement (et sur intervention express de Jacques Chirac) après des années de fermeture.
Le long du fleuve, les paysages défilent doucement. Sur chaque rive, les cultures de riz, de patates douces ou d’arachides se succèdent. D’anciens forts, construits par l’armée coloniale française au milieu du XIXème siècle, jalonnent le fleuve : Richard Toll, Dagana, Podor… Ces comptoirs coloniaux abritent aujourd’hui des villes avec une activité industrielle et commerciale telle que la production sucrière. De ci, de là, à l’approche des villages, la sirène du Bou El Mogdad résonne de sa superbe. Les populations l’accueillent alors dans un concert de bassines, les femmes dansent dans un festival de couleurs et les enfants crient leur joie en s’éclaboussant dans le fleuve. Imperturbables : les troupeaux d’animaux continuent de s’abreuver le long des berges. A peine descendu du bateau, les enfants nous prennent la main pour ne plus la lâcher. Le chef du village nous souhaite la bienvenue. Chacun s’empresse de faire visiter sa case, en branches et feuilles d’acacias.
Autres instants magiques : une balade en pirogue au cœur du parc des oiseaux du Djoudj. Troisième parc ornithologique du monde, il s’étend sur 12000 ha dans le delta du fleuve Sénégal. Embarquez pour un spectacle étrange et extraordinaire : flamants roses qui décollent en rangs serrés, cormorans qui plongent sous l’œil vigilant des crocodiles, pélicans qui s’envolent…