Le Lot au fil de l’eau
Par Christophe Courau - Photos Jérôme Aronny
DES VIGNOBLES DE LUZECH AU VILLAGE MÉDIÉVAL DE SAINT-CIRQ-LAPOPIE ET AU DELÀ, découvrez 75 kilomètres de balade fluviale nature, à parcourir loin de la foule.
La croisière lotoise commence à Cahors, sous les frondaisons, à quelques centaines de -mètres en aval du majestueux pont Valentré, un ouvrage fortifié qui fête cette année les 700 ans du début de sa construction. « Le Lot est la plus belle des rivières, mais c’est aussi la plus difficile », prévient Jean-Jacques Baboulène, le loueur cadurcien, lors de l’accueil de ses nouveaux mariniers.
Alors, le « topo théorique » à l’ombre des arbres prépare les futurs navigateurs aux rochers, courants, contre-courants, et autres écluses. Comptez une heure et demie de formation avant d’être enfin lâché, seul à bord, après le passage de la première écluse. Là, 75 kilomètres de rivière s’offrent à vous, de Luzech, en aval, jusqu’à Larnagol, en amont, trois écluses et 10 kilomètres au-delà du village médiéval de Saint-Cirq-Lapopie. 150 km aller retour à effectuer en une semaine, à un train de sénateur (6 km/h en moyenne) soit « 27 à 28 heures de navigation », estime Jean-Jacques Baboulène. Cela laisse donc du temps pour se promener alentour. Commençons donc par la ville de départ, Cahors, nichée dans une boucle du Lot et préfecture du département éponyme. Sur la partie orientale de la boucle, la ville médiévale offre de belles balades piétonnes. On pourra par exemple suivre à la trace la trentaine de « jardins secrets » disséminées un peu partout.
On s’arrêtera forcément faire le plein de victuailles à la Halle, devant laquelle se déroule le samedi matin un marché plein de saveurs et de douceurs. N’oubliez pas de vous perdre dans les ruelles de cette ville d’art et d’Histoire, dont 40 hectares sont sauvegardés. Entre deux maisons à pans de bois ou en encorbellement, vous retrouverez peut-être l’étonnante horloge à billes, la curieuse « fontaine aux chiens » qui amusera les enfants, sans oublier d’observer le magnifique et terrible portail nord de la cathédrale datant de 1140. Pour une vision panoramique de Cahors prenez de la hauteur sur le Mont-Saint-Cyr. Quant au port Bullier, au-delà de l’écluse Coty, il offre une halte nautique à deux pas des merveilles médiévales cadurciennes.
Ah! Les écluses! Sur le Lot, elles sont manuelles. Il vous faudra un peu d’huile de coude pour gagner les merveilles de la vallée du Lot. « C’est beaucoup plus sympa, assure Jean-Jacques Baboulène. Normalement il faut attendre un autre bateau et se donner un coup de main pour tourner les manivelles. C’est convivial et très ludique. Il arrive souvent que le soir, au ponton, on se lie d’amitié avec les occupants d’un autre bateau et que l’on partage l’apéro. » Rien d’obligatoire cependant, car le Lot est loin d’être une autoroute. « Il y a environ 50 bateaux sur cette partie navigable, moins d’un par kilomètre », assure Jean-Jacques Baboulène. En remontant la rivière, le paysage devient grandiose avec des falaises blanches et ocre qui apparaissent en amont de Cahors. On longe de charmants villages de pierres blanches surmontés de fortifications accrochés aux falaises, où l’on s’arrête pour l’avitaillement ou pour une halte plus prolongée. Le summum est atteint à Saint-Cirq-Lapopie, accroché à la falaise 100 mètres au dessus de la rivière, qui a su garder intactes ses maisons et ses rues médiévales. C’est désormais un lieu « inspiré » pour les artistes. Autrefois village d’artisans, essentiellement des tourneurs sur bois fabriquant des robinets pour les barriques de vin en érable du causse, buis et liège, il ne reste plus aujourd’hui qu’un seul de leurs représentants, Patrick Vinel. Une pause douceur ou un snack chez Loic Escribe, le patissier-chocolatier du village (excellent mille-feuille au coulis de framboises…), ou un repas à l’auberge du Sombral complètent agréablement la visite.
Pour monter à pied au village, évitez la route. Depuis le débarcadère, longez le moulin d’Aubrenac, passez sous le village et montez ensuite par un petit raidillon arboré. Les plus courageux continueront jusqu’à Bouziès, en suivant le chemin de halage de Ganil, creusé dans la falaise une partie a été sculptée en bas-relief par un artiste toulousain, Daniel Monnier. Près de Larnagol, le château de Cénevières mérite lui aussi une visite. Un quart d’heure de marche, pour une visite haute en couleur par le propriétaire des lieux, sans oublier la vue superbe sur la rivière.