Açores, le paradis sauvage du Portugal
Par Marion Tours - Photos Jean-Paul Calvet
ELLES S'APPELLENT Santa-Maria, Sao-Miguel, São-Jorge, Terceira, Graciosa, Pico, Faial, Corvo et Flores. Neuf îles et autant d'atmosphères insolites à explorer.
Entre ses marchands de lait ambulants, ses paysans circulant à dos d’âne et ses histoires de marins bravant les océans, l’archipel des Açores semble émerger d’un autre temps. Pas vraiment étonnant quand on campe au beau milieu de l’océan Atlantique, qui plus est sous les foudres d’un anticyclone mondialement réputé…
Là, comme surgis des eaux, des volcans endormis. Plus haut, des lacs de cratère aux reflets verts ou bleus. Et de part et d’autre des neuf atolls : des villages de pêcheurs, des vaches frisonnes, des moulins flamands, des geysers bouillonnants, des piscines naturelles et des sentiers plantés d’hortensias.
Ici, pas un endroit où la végétation ne s’immisce, peuplant les champs, bordant les grèves, dévalant les falaises, formant des treilles au dessus des routes et enserrant les murets de pierres volcaniques. Pour en prendre la mesure, direction São Miguel et le jardin de Terra Nostra regroupant plus de 3 000 espèces d’arbres et d’arbustes, parmi lesquels palmiers, cycas, araucarias, azalées, lauriers, camélias, oiseaux de paradis, fougères d’Australie et Ginkgo Biloba.
Autre décor, autre ambiance dans le port d’Horta à Faial. Une fois accosté, navigateurs et plaisanciers ont pour habitude de « signer » les dalles de la marina, devenue avec les décennies un véritable patchwork de peintures et de graffitis. Avant de se retrouver au bar de chez Peter’s, une institution depuis trois générations. On peut y changer de l’argent, poster du courrier, déposer des messages. Ou encore admirer la collection de scrimshaw (dents de cachalots gravées), installée à l’étage et ultime souvenir de la chasse à la baleine qui domina ici jusqu’à la fin des années 1980. C’est à Pico, l’île voisine, que la traque débuta et connut son apogée.
De cette époque subsiste, encore aujourd’hui, une nostalgie dont on découvre les réminiscences dans les musées (Musée des Baleiniers à Lajes, Musée de l’Industrie baleinière à São Roque), lors des courses de baleinières ou lors des sorties en mer dédiées à l’observation du fameux cétacé.
Terceira a, elle aussi, sa star locale. En ligne de mire : le célèbre taureau noir s’élançant dans les rues des villages lors des corridas à corde. Véritable icône, la « bête » mobilise une armada de ganadeiros réunis au sein d’une association visant à préserver les techniques d’élevage transmises depuis le XVIe siècle.
Car, l’archipel a beau rattraper les siècles, « on ne changera pas, comme l’écrivait Claude Dervenn dans un ouvrage consacré à l’archipel, ce peuple qui marche du même pas qu’au temps de Vasco de Gama… »